C’est une île pleine de charme
À la robe d’eau salée
Sa crinière est d’arbres
Sa peau de sable doré
Blottis contre ses cotes
On peut happer des comètes
Et souffler des souhaits
Sous les trainées qui s’émiettent
Un azur immuable
surplombent son sommet
Où des neiges éternelles
campent au court de l’été
Nichés dans les cimes
Des mésanges fredonnent
Comme des airs faciles
Auxquels on s’abandonne

C’est une île pleine de charme
À la robe d’eau salée
À l’abri de tous les drames
Et loin de tous les dangers

En amont vibre le bois d’une cabane de fortune
On y danse on y parle on y perd ce qui importune
On y mange on y boit on y change on y voit naître
la promesse de lendemains plus honnêtes
Devant les enfants jouent avec une tendre insouciance
Écoutant d’une oreille les propos qui se balancent
Mais distraits par la faune et la flore bariolée
Ils partent à l’aventure entre la porte et l’allée
Parfois l’âtre s’embrase de musiques et de récits
Parfois il se prélasse de siestes et de jeu de quilles
Parfois la nuit se perd dans l’herbe et les liqueurs
Parfois elle se libère dans des fous rires ou des pleurs
Ici depuis la plage parviennent des échos d’écumes
De ressacs enragés, d’un large empreint d’amertume
De naufragés en péril noyés sous les violences
à l’écart des baïnes où se pêche l’opulence
Un peu plus loin on devine les séismes quotidiens
Les éclats tonitruants, les ruines qu’on entretient
Les colonies incessantes, l’indécence qui les tient
Les dictatures fleurissantes, le bon sens en déclin
Les puissances infantiles, l’ampleur de leur dégât
Les familles en exil des cadavres au bout des bras
L’abondance en carotte et le bâton pour les septiques
Les ressources épuisées dans ce triste essor frénétique
Les carences ahurissantes, les psychoses effrénées
Les funestes cravates plus fréquentes que jamais
Les glaciers qui s’étiolent et les éminentes pandémies
La pluie chargée de pétrole et l’atmosphère en sursis

C’est une île pleine de charme
À la robe d’eau salée
À l’abri de tous les drames
Et loin de tous les dangers

Ce matin l’archipel
Est d’un mutisme inquiétant
Et les mésanges se découpent
Dans un soleil rougeoyant
L’azur se fait d’encre
Et la neige a décampé
Si la nuit offre une comète
On soufflera des souhaits